Sans peur

Publié le par Isabelle à Paris

J'ai peur. Et vous aussi, vous avez peur.

La peur rode la moitié de nos pensées. La peur crée des scénarios, invente le futur, souvent sombre pour ne pas décevoir. La peur, c'est se pavaner devant les autres avec un masque de carnaval. La peur, c'est croire que nous avons besoin, lorsque nous avons déjà tout.    

 

Sous la peur, il y a l'amour. Là, je ne parle pas de l'amour «amoureux» avec fleurs et chocolats ! Je parle de l'amour de soi, des autres, de l'acceptation de ce que nous sommes et d'où nous venons. Je parle de la paix éprouvée quand on vit en ce moment même, pas dans le passé, pas dans le futur. Sur la peur se trouve la colère (résultat de notre incapacité à surmonter cette peur), conditionnée par l'ego. L'ego vient avec la conscience que nous existons. Les animaux n'ont pas d'ego, parce qu'ils n'ont pas conscience d'eux-mêmes. L'ego sort de sa cachette lorsque nous perdons le contrôle et qu'on laisse les autres le posséder. C'est pour cela que nous voulons des corps minces, des voitures et des vêtements de luxe, des vies au-dessus de nos moyens. C'est pour cela que nous voulons deux mille amis sur Facebook, c'est pour cela qu'on effectue chaque jour un travail qu'on aime pas vraiment, c'est pour cela que plusieurs d'entre nous se cachent derrière un statut social ou derrière des diplômes. C'est à cause de l'ego qu'on ne pardonne pas, qu'on vit dans la racune -qui, tôt ou tard, finira par se transformer en cancer-, parce que pour pardonner, il faut être vulnérable et être vulnérable, c'est ne pas avoir le contrôle sur sa souffrance. C'est aussi à cause de l'ego qu'on s'invente un futur, pour que cet ego puisse le contrôler. Qu'on se donne des buts grandioses, parce qu'on vit par procuration ou parce que le présent manque de substance, de profondeur. Est-ce parce que nous croyons que notre présence seule n'est pas suffisante ? Est-ce à cause de cela que nous voulons à tout prix être validé par les autres, pour qu'ils nous donnent la permission d'exister ?

 

J'ai lu une histoire il n'y pas si longtemps. Une femme d'une cinquantaine d'années racontait que, lorsqu'elle était petite, à l'école, il y avait un grand tableau avec le nom de chaque élève. Selon s'ils avaient bien réussi ou non une dictée ou un examen, ils avaient une étoile or, argent, bronze, vert, jaune ou rouge. Chaque écolier obtenait l'étoile représentant le niveau de sa note. Les meilleurs avaient l'or et l'argent et les moins bons avaient le jaune et le rouge. La dame en question expliquait qu'elle se trouvait toujours entre le vert et le jaune, même si elle étudiait beaucoup. Tout au long de son enfance, elle était parvenue à croire qu'elle était médiocre, parce qu'elle était incapable de faire comme les autres. Elle n'avait jamais obtenu cette précieuse validation provenant des autres, validation basée sur un système qui ne mettait pas en valeur son essence. Plus tard, après des années de réflexion, elle a saisi l'idée qu'elle n'avait pas besoin d'une quelconque validation, car cela l'empêchait d'être qui elle était, de s'accomplir et d'être heureuse. «Tout le monde est un génie, mais si vous jugez un poisson par sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu'il est stupide» a dit Albert Einstein.

 

Être sans peur, c'est d'abord reconnaître qu'on a peur. Être sans peur, c'est savoir que seule sa présence est suffisante. Il y a quelques années, j'ai eu vraiment peur. Une peur qui me grugeait l'intérieur, qui paralysait ma pensée et m'a fait dévier de mon essence. Mais c'est seulement dans la noirceur qu'on peut voir la lumière jaillir. Ce poème m'a beaucoup aidée à voir cette lumière. Je le partage ici en espérant qu'il vous aide aussi. Je sais que seule votre présence suffit. Mais peut-être que vous, vous ne le savez pas encore.

 

«You'll be given love
You'll be taken care of

You'll be given love
You have to trust it
Maybe not from the sources
You have poured yours
Maybe not from the directions
You are staring at
Twist your head around
It's all around you
You just ain't receiving
Your phone is off the hook
Your doors are all shut
But all is full of love».

-Björk, 1997

 

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