Meilleur que toi

Publié le par Isabelle à Paris

MEILLEURS QUE VOUS -

J'ai découvert une merveilleuse librairie anglaise sur Rivoli, près de la place de la Concorde. Plus je lis des livres anglophones, plus je crois que leur littérature est significativement plus imaginative que celle de mes compatriotes. Je ne veux pas revenir sur le blog précédent, mais je pense que la littérature francophone est si enfoncée dans ses concepts et le sens premier de ses mots qu'il reste peu de place pour l'imagination. Quand je lis en français, j'ai l'impression que les auteurs ont écrit des livres pour s'entendre eux-mêmes parler à travers ceux-ci. Ça me donne mal au coeur. Les Anglais n'ont pas de temps à perdre à discuter sur la fioriture du langage, à savoir si tel mot vaut vraiment la peine d'être inscrit dans le Grand Cahier de l'Académie. Les Anglais écrivent, c'est tout. Au fait, ça doit coûter vachement cher, faire marcher l'Académie française et tous ses vieux pédants...

 

MEILLEURE QU'UNE LANGUE VIVANTE -

Justement, dans cette librairie, j'ai acheté un magazine qui s'appelle «Intelligent Life», produit et imprimé à Londres. Le magazine, assez unique en son genre, a comme thème principal l'intelligence sous toutes ses formes. On y retrouve des articles sur les bâtiments industriels abandonnés aux États-Unis (avec de magnifiques photos), un article qui oppose le gène humain au libre arbitre, un autre sur le développement soudain de la joaillerie pour hommes, un sur les conséquences de la conscientisation de l'environnement sur les voitures sports (ou comment une Ferrari peut devenir familial et eco-friendly) et, plus intéressant encore, quelle est la meilleure langue seconde à apprendre. L'anglais étant la langue universelle, l'article souligne que très peu d'anglophones sont bilingues, car ils ne perçoivent pas l'utilité de la chose. Ainsi, quelques sommités et linguistes en la matière y vont de leurs suggestions, que voici : le chinois, le portuguais, l'arabe, l'espagnol et le latin. Le latin, me suis-je dit, quelle drôle d'idée ! Comme les auteurs de l'article sont de bons Anglais d'Angleterre (God save the Queen), j'ai pensé que c'était un peu leur façon de faire un pied de nez aux Français qui ont si longtemps emmerdé les Anglais. N'apprenez pas le français, ça ne vous servira à rien, mais le latin, par contre...

Pour les curieux, voici le lien du magazine en question :

http://moreintelligentlife.com/

 

MEILLEURE QUE 25 000 PERSONNES -

À l'été 2008, j'ai été voir un spectacle donné par le groupe Radiohead présenté en plein air sur l'Ile Jean-Drapeau. Au poste météo, ils annonçaient du mauvais temps : pluie abondante, orages violents et autres calamités. Même si le ciel s'était effondré, j'aurais tout de même été voir ce spectacle, alors pas question d'annuler pour trois ou quatre gouttes de pluie. Habillons-nous en conséquence. C'est alors que j'ai sorti du fond de mon placard un poncho. Oui, un poncho. Et les bottes de pluie assorties. J'ai mis le poncho dans mon sac, enfilé les bottes et je suis partie en métro. Arrivée sur place, la pluie n'avait pas commencé et il faisait relativement soleil. Tous les gens que je croisais regardaient étrangement mes bottes de pluie sexy, montant jusqu'à la mi-mollet. Je n'étais pas habillée pour un spectacle, j'étais habillée pour aller à la pêche. Durant la soirée, l'orage éclata. Et quel orage ! Il plut torrentiellement durant quatre-vingt-dix minutes. Mais, mon poncho, mes bottes de pluie et moi-même rayonnâmes parmi cette foule trempée et crottée par la boue. Ceux qui me regardaient plus tôt comme une habitante de quelque lointaine banlieue sous-développée me regardaient maintenant comme un chat espérant boire le restant de lait au fond de votre bol de céréales : avec envie. J'aurais pu vendre mon poncho et mes bottes de pluie trois cents dollars, mais la vengeance est un plat qui se mange froid...

 

MEILLEUR QUE TON PÈRE -

Je lis en ce moment un livre très drôle qui s'intitule «Me talk pretty one day». Dans la première partie, l'auteur nous présente sa famille et nous décrit comment ils sont tous plus ou moins disjonctés. Le personnage le plus comique de la famille, selon moi, c'est son père. Cet homme est ingénieur et concepteur informatique chez IBM et s'intéresse à la science, croyant naïvement que tout le monde est comme lui. Un jour que l'auteur a environ 10 ans, il voit sur la table de la cuisine une photo de son père posant tout près d'un ordinateur gros comme un frigo, photo qui devait devenir éventuellement une pub pour IBM : « [...] j'étais pris pour l'écouter des heures, heures durant lesquelles il répondait à chaque question sauf celle que je lui avais demandée au départ : est-ce qu'ils t'ont obligé à te maquiller et à prendre la pose ou la photo a été faite en une seule prise ?». Parallèlement à son obsession pour la technologie et la science, son père affectionne particulièrement le chien de la famille, un grand danois. L'auteur raconte que son paternel fut souvent l'objet de moqueries de la part des voisins. Ceux-ci passaient des commentaires entre eux lorsqu'ils le voyaient promenant son chien/poney avec un sac poubelle orange et une pelle, en cas de «besoins». Bref, je pense que ce personnage me fait marrer parce qu'il ressemble à mon père. Sauf que mon père n'a pas de grand danois, il a un chat. Il ne se promène pas dans le village avec un sac poubelle et une pelle, mais on le surprend parfois en grande conversation avec une boule de poil. Et, oui, mon père m'explique tout concept technique et scientifique, de long en large, de bas en haut et en 3D. En lisant ce livre, je me dis que ces genres de papas engendrent d'excellents auteurs. Je me croise les doigts...

«Me talk pretty one day», David Sedaris, éd. Abacus, 2000.

 

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